Conflits sensoriels, asymétries posturales et douleurs chroniques non- spécifiques

Résumé:

cerveauPour le contrôle de l’équilibre, de la posture et du mouvement, le système nerveux central doit réaliser les transformations appropriées et coordonnées des informations visuelles, vestibulaires et somesthésiques préalablement intégrées, et générer en permanence les réponses musculaires adaptées.

Modifier ces informations de façon volontaire ou non, par une stimulation interne ou externe, modifie de façon physiologique la répartition tonique posturale/les réponses posturales (e.g. direction du regard, position de la tête, stimulation des afférences plantaires). Mais le « dérèglement » d’un des capteurs (e.g. vision/astigmatisme, système stomatognathique/contact prématuré dentaire, défaut de statique pelvienne), source de conflit sensoriel, pourra perturber ce contrôle et induire des asymétries toniques posturales.

Ces asymétries qui ont la particularité d’être labiles et organisées, sont à la base de la posturologie et de l’examen clinique postural initiés par Baron et Gagey, notamment dans le cadre du syndrome post-commotionnel. Parmi les troubles impliquant la vision, des défauts d’alignements mineurs entre les images rétiniennes lorsqu’on les dissocie, appelés Hétérophories Verticales (Orthophorie en cas d’absence de déviation), sont susceptibles d’altérer le contrôle postural orthostatique, référence pour les activités dynamiques.

En effet, différentes investigations expérimentales ont montré que les sujets présentant une HV présentent un contrôle moteur moins performant en termes de stabilité, mais que son annulation expérimentale à l’aide d’un prisme approprié la renforce. Chez des adultes jeunes présentant des rachialgies chroniques non spécifiques, et leur comorbidité associée connue (e.g. céphalées, arthralgies périphériques, acouphènes, cinétoses, etc…), tous présentant une HV, ce même comportement a été enregistré.

L’hypothèse selon laquelle de minimes HV puissent indiquer la présence de conflits provenant de signaux somesthésiques (ou troubles de réfraction) requis dans les boucles sensorimotrices impliquées dans le contrôle postural, et l’intégration optimale de ces signaux au niveau du SNC, a été avancée, suggérant des possibilités de prévention. Des études ont montré que des conflits sensorimoteurs induits entre vision et somesthésie, pouvaient induire des douleurs et modifier la perception globale chez des sujets sains ; nous avons proposé que des douleurs chroniques non spécifiques puissent résulter de tels conflits prolongés dont l’HV en serait un signe, avec de nouvelles implications théoriques et cliniques.

En effet, différentes études cliniques suggèrent que les phories verticales puissent être utilisées comme un repère dans la prise en charge de telles douleurs. Par exemple, l’HV peut être liée à des conflits provenant du système stomatognathique, du pelvis ou encore de piercings ; annuler le conflit restaure la plupart du temps immédiatement l’OV, diminue significativement la douleur, améliore la mobilité rachidienne et articulaire périphérique comme des tests cliniques d’équilibre initialement perturbés, mais restent à évaluer précisément : des études sont toujours en cours…

Lieu et Date:

Mardi 20 janvier 2015

UFR Staps Dijon – Université de Bourgogne

Intervenants:

Eric MATHERON

  • Masseur-kinésithérapeute DE,
  • Docteur en Neurosciences,
  • Chercheur Associé Groupe IRIS, Physiopathologie de la Vision et Motricité Binoculaire, CNRS FR 3636, UFR Biomédicale Université Paris Descartes, Paris.

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